Kim Jong-un et Pyongyang sont en train de gagner la game des relations internationales

P’tit Kim, c’est une vedette

l’Asie s’est réveillée vendredi avec l’annonce du Pentagone que Pyongyang avait la capacité de produire une arme nucléaire qui pouvait fiter sur un missile. Les tronches de la Defense Intelligence Agency affirmaient être « modérément confiants » que la Corée du Nord possède le savoir-faire. Peu après, ils se calmaient le pompon en ajoutant que la fiabilité des missiles est probablement… nulle.

Depuis les derniers mois, la presse internationale, en particulier la presse américaine, mouille leurs culottes comme s’il n’y avait plus de lendemain (littéralement). Voyant qu’en fin de compte, le conflit Chine / Japon sur les îles Senkaku n’allait pas provoquer de 3e guerre mondiale, ils ont décidé de miser sur p’tit Kim et ses missiles best if used before 1963, ainsi que son armée d’affamés équipés d’AK-47 sans munitions.

Alors les opinions et analyses « d’experts » sur les intentions du grassouillet dictateur gerbent de partout (incluant de moi-même). Si on ramasse le tout et synthétisons dans un one-liner, ça donne : Kim Jong-un est un fou qui pourrait peut-être éventuellement faire péter la planète.

Est-il si fou que ça, notre Kim (inter)nationale? Je crois qu’au contraire, c’est un héros, et voici pourquoi.

Il agit au mieux de ses connaissances, selon son background, et selon le contexte

Il faut se rappeler que la division de la Corée est le produit du début de la guerre froide entre les Ruskovs et les ‘Ricains. Après la guerre de Corée, la Russie créa une bête avec Kim Il-sung (le grand-papa de p’tit Kim) en lui infusant les doctrines communistes. Idéologie utopique et stupidité humaine ne faisant pas bon ménage, shit has hit the fan dès les premiers jours du nouveau régime Nord-Coréen.

Kim Jong-un est donc canné dans cette lignée de dictature communiste. Il agit comme n’importe qui qui serait coincé dans ce merdier agirait. Considérez aussi ce détail : faire volte-face d’un coup ferait carrément imploser son pays. Donc…

Il fait l’ermite fou maintenant pour sauvegarder la Corée du Nord et pour mieux s’ouvrir plus tard

C’est le seul moyen qu’à la Corée du Nord d’entrer dans la game de la mondialisation et de démocratiser son pays sans perdre totalement le contrôle. Je crois que nous savons tous qu’une démocratisation subite, ça peut chier très vite. La chute de l’URSS ça ne serait qu’un pet de lapin à côté d’une Corée du Nord qui s’écroule. La Chine est le meilleur exemple d’une démocratisation (très) progressive.

Il garde le cap, affirmant son absolu contrôle sur sa nation. Résultat : Nobody fucks with ze Kim in ze république. Sur la scène internationale, la stratégie semble fonctionner. Avec les essaies nucléaires, toute l’attention est sur la Corée du Nord. Les É.-U. et la Corée du Sud commencent enfin à piger… ou peut-être pas, mais quoi qu’il en soit, ils adoucissent tranquillement leur position, ce qui donne l’impression que Kim est en train de gagner la game psychologique. C’est un gamble à la fois complexe et simpliste. Quoi qu’il en soit, Kim : 1, communauté internationale : 0.

Finalement, Kim Jong-un fait vivre la presse

Récemment, il a permis au vice-exécutif truc-machin de Google Eric E. Schmidt et au has been du basket Dennis Rodman de se taper une visite en Corée du Nord. Ç’a été la sensation instantanée : « Ohn! P’tit Kim est fin!!! Est-ce que la Corée du Nord va enfin s’ouvrir au reste du monde!!!??1!11!!! »

Alors la Corée du Nord, c’est rendu trendy. C’est le sujet documentaire in (ça tombe bien, je commençais à être écoeuré de voir des documentaires sur Fukushima). Et p’tit Kim, c’est le dictateur qu’on aime haïr. En 2012, Times a fait un sondage auprès des lecteurs sur qui devrait être la personne de l’année. 39 candidats ont été présenté avec comme question « Should this person be TIME’s Person of the Year 2012? » Kim est arrivé bon premier avec 97.6 % en faveur.

Nous devrions en fait le remercier de nous donner autant de jus.

C’est juste dommage pour les millions de Nord-Coréens qui ne l’ont vraiment pas facile en ce moment. Si seulement la communauté internationale souffrait un peu moins de rétention anale, la situation s’améliorerait bien plus vite.

Carl T. Slater

Carl est un gaijin banlieusard paumé vivant à Funabashi, pas trop loin de Tokyo. Il n'a d'autre chose à offrir que des observations biaisées sur les trois dragons d'Asie, tout en essayant de ne pas trop faire honte à sa femme.

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