Enquête Choc : Distribuer des Feuillets Publicitaires est un job de Merde

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C’est au Japon et en Corée du Sud où la distribution de feuillets publicitaires est presque devenu un sport national. Je vous le confirme, c’est un job absolument merdique, car je l’ai fait moi-même.

La technique est simple, un restaurant/boutique/pachinko/etc engage quelques paumées – c’est souvent des filles – pour faire le piquet à une artère achalandée, souvent une sortie de station de train, et distribué des encarts promotionnels pendant plusieurs heures. Parfois, elles essaient de vendre un service, du genre nail salon, en offrant des time promotion. Non seulement la technique est au mieux un léger irritant pour les passants, elle est absolument dégradante pour le pauvre plouc qui doit liquider ses 8 tonnes de feuillets.

La différence entre le Japon et la Corée, me dit-on, est que les Coréens sont beaucoup plus agressifs. Certains distributeurs vont même jusqu’à fourrer le feuillet dans les poches des passants, ou engueuler ceux qui refusent de le prendre. Au Japon, ils n’insistent pas trop (et une fois sur deux, ils ignorent les gaijins).

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Les distributeurs sont payés soit à l’heure (en moyenne 700 yens) ou au nombre de feuillets distribués (50 yens). Cela veut dire un bon huit heures sous un soleil brulant ou une pluie glaciale pour que ça soit le moindrement payant.

Dans ma jeunesse folle (durant mon working holiday), j’ai fait ma part de peddling de feuillets à Tokorozawa, un arrondissement à l’ouest de Tokyo. J’avais été engagé par une petite école d’anglais comme eikaiwa no sensei (un autre job de merde, mais ça, c’est une autre histoire). L’enfoiré qui m’a embauché m’a fait le coup du kubi (expression japonaise signifiant se faire virer)quand il réalisa que je n’étais pas un native English speaker (alors que je n’avais jamais caché ce fait). En guise de consolation, il m’a offert de distribuer des encarts promotionnels pour son école d’anglais préusiné à la con – dont je resterai diplomate et tairai le nom.

Étant désespéré de trouver un boulot, j’acceptai. Ce qui fut évidemment une lamentable erreur. La honte totale. Je pouvais sentir les regards condescendants extirper ma dignité jusqu’à vouloir me jeter devant le train. Plus bas que ça et je faisais la rue.

Et pour les commerçants, est-ce que ça marche vraiment?

Il suffit d’observer quelques minutes pour catégoriser la clientèle potentielle. On peut les séparer en quatre catégories : 60 % des passants ignorent simplement, 20 % prennent le flyer et le jettent ensuite aux ordures, 10 % déclinent en s’excusant. Un maigre 5 % le prennent et fréquentent le commerce. Même que 5 %, c’est généreux.

Ce qui semble souvent trouver preneur, c’est les trucs promo genre paquet de mouchoirs en hiver ou un de ces aérateurs en plastique l’été. Personnellement, je dois en avoir une vingtaine en tout qui ramassent la poussière.

Les distributeurs humains font depuis longtemps partie intégrante du paysage tokyoïte, c’en est même iconique. J’imagine que c’est payant pour les commerçants, à voir le nombre de victimes qui font le pied de grue dans les rues. Une chose est sûre, jamais je ne me ferai avoir de nouveau.

Carl T. Slater

Carl est un gaijin banlieusard paumé vivant à Funabashi, pas trop loin de Tokyo. Il n'a d'autre chose à offrir que des observations biaisées sur les trois dragons d'Asie, tout en essayant de ne pas trop faire honte à sa femme.

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